Pikanoa et son "Mur des possibles"

Dans la cour de l’école de La Giettaz-en-Aravis, Pikanoa déchaîne une tempête de couleurs, une onde de choc qui traverse le mur et l’ouvre sur un infini de créativité.

D’un coup de bombe et de pinceau, elle creuse une faille dans le quotidien, une brèche vers l’ailleurs, un appel à l’aventure. Une fièvre graphique s’y propage, portée par le pop art, la culture geek et l’énergie brute du street art. Mais au-delà de l’image, une quête de connexion émerge : pour elle, peindre, c’est animer, partager, donner aux lieux une vibration particulière.

Figure féminine du jeu vidéo, formée aux Gobelins et à l’école Boule, cette artiste performeuse possède une vision singulière d’un monde où le réel et l’imaginaire s’imbriquent sans couture. Son œuvre capte l’effervescence de la jeunesse et l’élan créatif qui la traverse. Elle interroge la transmission, la manière dont l’imaginaire collectif façonne les souvenirs et la construction de soi.

Intégrant leur vision, leur geste, leurs rêves, elle crée un dialogue entre elle et ceux qui grandissent devant la fresque. Elle déclenche un flux d’énergie. Bleu intense, rose éclaté, orange acéré : l’ensemble fuse comme un cri dans la blancheur des Alpes.

La montagne est là, mais elle n’est plus immuable. Ses lignes obliques, tendues, semblent l’arracher à l’image de carte postale pour en révéler la vitalité brute, sauvage, indomptée.

Au cœur de la scène, deux personnages. Skieurs, aventuriers ? On ne sait pas vraiment. Masqués, protégés, ils nous font face, figés dans un instant suspendu, les yeux rivés sur nous. Sans doute l’allégorie d’une jeunesse, projetée vers un futur rêvé, prête à dévaler la pente d’une histoire encore à écrire.

Puis, des animaux surgissent. Un chien de traîneau, un félin aux yeux d’or. Compagnons de route, alter ego sauvages, ils incarnent cette tension entre l’humain et la nature, entre liberté et domestication. Pikanoa ne se contente pas de dessiner avec brio : elle construit des narrations, tisse des liens entre le territoire et notre imaginaire.

Elle y met tout ce qu’elle aime : la vitesse, l’intensité, le fantastique, les couleurs tranchées. Mais surtout, elle électrise ce lieu familier, le réenchante. Ce mur d’école n’en est plus un : il s’effeuille, s’ouvre, devient passage. Il est maintenant un tremplin, une invitation à grandir… librement, sans limites.

Crédits texte : ©Be on the Crest.

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