Fresque temporelle "Là où le temps s’arrête" par Queen of Two Diamonds

Dans la salle hors-sac du Cernix, au cœur du Val d’Arly, la street-artiste Queen of Two Diamonds projette une vision douce et onirique sur un mur transformé en échappée. Elle crée un refuge dans le refuge, où sa fresque s’ancre dans la quiétude d’une halte, entre deux descentes.

Un visage de femme flotte, détaché du réel. Paupières closes, en suspens, elle échappe au tumulte. Son teint violet, signature de l’artiste, la libère de toute identité, de tout ancrage temporel ou géographique. Rêveuse ? Artiste en quête d’elle-même ? Elle est avant tout une invitation. À ralentir. À voir ce qui, d’ordinaire, nous échappe. Son visage n’appelle ni à l’action ni à la performance. Il invite à l’abandon. Un lâcher-prise nécessaire face à une montagne en perpétuelle mutation.

À ses côtés, un petit yéti observe, fasciné. Regard immense, sourire discret. Loin du monstre sauvage des légendes, il est une créature douce, presque enfantine. Chez Queen of Two Diamonds, l’animal n’est jamais un simple compagnon : il est un miroir. Peut-être l’incarnation de l’enfant en nous, celui qui contemple sans juger.

Deux figures se répondent sans un regard, reliées par un souffle de couleurs. Entre rêve et éveil, elles tissent un dialogue silencieux où tout passe par l’expression de l’un et le songe de l’autre. Une dualité subtile qu’elle décline jusque dans son pseudonyme. Née Bénédicte De Caro, elle choisit « Two Diamonds » comme un reflet, une facette précieuse et multiple de son identité. À la croisée de la finesse et de la résilience, de la solidité et de l’éclat, elle trace son chemin des galeries à la rue, des expositions aux fresques monumentales.

Alors elle marque les murs comme d’autres gravent la peau. Un trait précis. Des contours affirmés. Des couleurs qui frappent. Son travail puise dans l’héritage du néo-traditionnel, ce style issu du tatouage où la ligne précède la couleur, où chaque forme semble pensée pour durer. Mais ici, elle adoucit sa palette.

Dans ce petit mazot où l’on s’accorde une pause, la fresque de Queen of Two Diamonds résonne comme un contrepoint à l’urgence du monde. Elle propose une autre lecture de ce petit coin des Alpes : un espace vivant, mouvant, où l’on peut encore rêver.

Ici, la montagne ne se mesure plus en exploits, mais en ce qu’elle éveille en nous. Un ailleurs s’invite aux pieds des pistes de la station de Crest-Voland Cohennoz, offrant une parenthèse où, enfin, l’imaginaire reprend ses droits.

Crédits texte : ©Be on the Crest.

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